Les Tairraz, une dynastie de photographes alpinistes

Dans la famille Tairraz, à Chamonix, il y a d’abord Joseph, l’aïeul pionnier des photographies de haute montagne. En 1857, il s’initie à la technique du daguerréotype et s’équipe d’une chambre photographique 21 x 27 cm avec laquelle il réalise ses premières photographies de montagne. Cette même année, il crée le studio « Photographie Alpine Tairraz » et guide le glaciologue John Tyndall sur la Mer de Glace, participant à une expédition scientifique sur le mouvement du glacier. Quelques années après, il invente une méthode de mesure en installant des repères fixes sur les rives du glacier.

Georges I, un des fils de Joseph, guide et photographe lui aussi, reprend le studio familial dans les années 1890 après un apprentissage auprès de Monsieur Pierre Petit à Paris.Tout en poursuivant ses travaux de photographe et d‘éditeur, il accompagne des alpinistes dans leurs expéditions. En cette fin de XIX^e siècle, faire des prises de vues en altitude requiert une logistique importante de par le poids de l’appareil et des plaques de verre (il utilise un format 50 x 60 cm), ainsi qu’une excellente maîtrise technique compte-tenu des conditions climatiques.

Georges II (1900-1975), un des fils de Georges I, lui succède et développe l’entreprise en se tournant vers le cinéma dès 1930. Devenu un chef opérateur incontournable pour les prises de vue en haute montagne, il se lie d’amitié avec Roger Frison-Roche et Gaston Rébuffat lors de tournages dans les Alpes.

Pendant près d’un demi-siècle, à tour de rôle, Joseph , Georges I et Georges II ont fait l’ascension jusqu’aux fronts des glaciers. Placés aux mêmes endroits grâce aux repères mis en place, ils ont refait les mêmes photographies, contribuant ainsi aux mesures de suivi de ces géants de glace aujourd’hui menacés.

Si les campagnes photographiques de mesure de suivi s’arrêtent avec lui, Pierre n’échappe pas à la passion familiale.Il étudie à Paris la photographie et le cinéma avant de retourner se former sur le terrain avec son père Georges II. Il rejoint ensuite comme cinéaste des expéditions dans plusieurs massifs montagneux. Il travaille notamment avec Roger Frison-Roche (illustrant les ouvrages Mont Blanc aux sept vallées et 50 ans en montagne) et travaille aussi avec Gaston Rébuffat.

Ces 200 photographies anciennes constituent des données scientifiques majeures en permettant de disposer d’un repère temporel et de suivre l’évolution des glaciers au fil des années. La surveillance de ces géants reste d’actualité. En effet, ils subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique et sont menacés de disparition totale.

Grâce au suivi du glacier de Sarennes mené depuis près de 70 ans par INRAE, des chercheurs grenoblois apportent de nouveaux éclairages sur les causes des récents records de fonte des glaciers et leur incidence dans le contexte du réchauffement climatique. Immergez-vous dans le glacier de Sarennes et découvrez le travail des scientifiques sur le terrain grâce à ce podcast.  

• En savoir plus en lisant l'article sur inrae.fr

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• Observatoire du Glacier Blanc

Texte rédigé par Catherine Tailleux (INRAE-DipSO).

Merci à Valérie Pesenti et Caroline Soissons, les filles de Pierre Tairraz, pour leur contribution.

Pour citer ce texte : Focus Agate : Les Tairraz, une dynastie de photographes alpinistes, Catherine Tailleux (INRAE-DipSO), mars 2023, https://agate.inrae.fr/agate/fr/content/focus